Vous devez absolument vous mettre à la littérature de voyage ! Si si je vous assure, c’est une question de vie ou de mort… Je ne dramatise pas du tout, les livres de voyage mettront des paillettes dans vos existences. Vous avez un doute ? Alors, lisez ce qui suit, je vous explique tout sur les récits de voyage et les raisons pour lesquelles vous devriez en faire votre nouvelle obsession.
Sommaire
- Avant toute chose : c’est quoi la littérature de voyage ?
- 1 – Les récits de voyage sont un genre protéiforme : il y en a pour tous les goûts
- 2 – Les livres de voyage vous permettront de vous évader
- 3 – Les écrivains voyageurs vont enchanter vos futures vacances.
- 4 – Découvrir de nouvelles contrées : parfaire votre culture ethnogéographique
- 5 – Les récits de voyage vous permettent de vous enrichir de la diversité
Avant toute chose : c’est quoi la littérature de voyage ?
Pas évident de définir ce genre qui rassemble un ensemble de textes aussi variés que son objet : le voyage. En effet, on parle de littérature de voyage lorsque le voyage est au cœur du récit de l’œuvre qui nous est proposé. Mais le Voyage est une activité particulièrement protéiforme : fictif ou réel, d’agrément ou utilitaire, plus ou moins lointain, imaginaire ou véritable… De cela découle une infinité de profils de voyageurs qui produiront des écrits factuels, poétiques, illustrés, scientifiques, romanesques, journalistiques….
Alors, comment définir les contours d’un genre dont la diversité est si étendue ? En se concentrant sur ses 3 constantes :
- Le texte narre un déplacement géographique temporaire hors du cadre de vie habituel du voyageur
- Le récit met l’accent sur la description de l’Ailleurs et de l’Autre
- La découverte s’effectue à travers le prisme du regard du voyageur
En définitive, ce genre se caractérise par sa mise en exergue de la confrontation de l’Homme à l’altérité. Les livres de voyage, nous racontent que rencontrer l’Autre, quitter ses habitudes est transformateur.
Pour aller plus loin : une courte histoire de la littérature viatique
Cela fait bien longtemps que les hommes aiment raconter de beaux voyages. Le voyage mythique d’Ulysse qu’Homère relate dans son poème l’Odyssée en est la sublime illustration.
« On se rappelle tous les jours de sa vie l’hôte qui vous a montré de la bienveillance. »
Homère, L’Odyssée
Au Moyen Âge, on voyage avant tout pour des raisons commerciales, politiques ou religieuses. Mais ce n’est pas pour autant que les contrées lointaines n’émerveillent pas le public. C’est d’ailleurs à cette époque que le devisement du monde de Marco Polo fut publié.
« Nous finissons par arriver à l’illustre cité de Hangzhou, dont le nom signifie en français « la Cité du Ciel » parce que l’on s’y imagine être au paradis. »
Marco Polo, Le devisement du monde, tome 1 : Le livre des merveilles
À l’Époque Moderne (15-18ème siècles), avec les Grandes Découvertes (bien que ce terme soit problématique, mais passons 😉) que la littérature de voyage explose. Les Européens repoussent les frontières du monde qui leur était connu, cela aiguise leur soif d’exotisme et leur avidité pour l’exploitation des peuples découverts (bon Ok j’arrête !). Au milieu de tous ces massacres d’Indiens et de la mise en place de la traite négrière donc, les explorateurs mythiques livrent des récits de voyage légendaires. Ce sont des comptes rendus viatiques techniques avec une littéralité faible comme le soulignent leurs auteurs :
« Avant que de commencer [mon récit], qu’il me soit permis de prévenir qu’on ne doit pas en regarder la relation comme un ouvrage d’amusement : c’est surtout pour les marins qu’elle est faite. »
Louis Antoine de Bougainville, Voyage autour du monde
« C’est un ouvrage destiné à renseigner et pas seulement à amuser, et dans lequel à leur avis la fidélité et l’absence de détours compenseront le défaut d’ornements. Je conclus donc cette introduction en priant le lecteur d’excuser l’incorrection du style, qu’il aura sans nul doute de fréquentes occasions de remarquer dans la narration qui suit (…) le public ne doit pas s’attendre aux élégances d’un écrivain exercé, ni à la correction d’un auteur professionnel ; mais voudra bien, je l’espère, me regarder comme un homme simple qui se consacre avec zèle au service de son pays, et qui cherche à raconter ses faits et gestes le mieux qu’il lui sera possible. »
James Cook, Relations de voyage autour du monde
Littéraires ou pas, ces textes sont précieux, car ils saisissent les premières rencontres des Européens avec le reste du monde. À travers leurs descriptions ethnogéographiques des terres découvertes, c’est surtout eux et leur rapport à l’Autre qu’ils révèlent. On y cerne les rapports de domination et les préjugés de l’époque. Eh oui, voyager ne suffit pas à vaincre le racisme.
Mais les navigateurs ne sont pas les seuls à prendre la plume pour raconter leurs voyages à cette époque. Puisque la mode des aristos du moment est de réaliser un voyage d’éducation à la fin de leurs études. Un peu comme le Work&Travel d’aujourd’hui, mais sans la partie work et plus élitiste. Donc en fait non, rien à voir ;-😅) ! On appelle cette tendance qui dura 2 siècles le Grand Tour. Les écrivains voyageurs de l’époque étaient donc des jeunes et des artistes avides de découvrir les capitales européennes ainsi que le Proche Orient pour élever leurs esprits. Ils ont livré des écrits de voyage empli d’introspection.
« Si, en général, un homme ne doit être considéré que comme un supplément de tous les autres, et, s’il ne paraît jamais plus utile et plus aimable que lorsqu’il se donne pour tel, cela est surtout vrai des récits de voyages et des voyageurs. »
Goethe, Voyage en Italie
Les Temps Modernes, c’est aussi l’apogée des récits de voyage imaginaires avec par exemple les fameux romans d’aventures de Jules Verne. Ou encore, les textes qui racontent des pérégrinations dans des pays utopiques pour dénoncer comme le voyage de Gulliver de Jonathan Swift ou les récits de Cyrano de Bergerac. Car il est bien plus prudent de remettre en cause l’ordre établi en miroir d’une société idéale que frontalement.
« [Il] me conta que ce qui l’avait véritablement obligé de courir toute la Terre, et enfin de l’abandonner pour la Lune, était qu’il n’avait pu trouver un seul pays où l’imagination même fût en liberté. »
Cyrano de Bergerac, Les États et Empires de la Lune ; Les États et Empires du Soleil : Suivi du Fragment de physique
Laissons là les Temps Modernes pour entrer dans l’ère contemporaine, celle du village planétaire, de la terre disneylandisée, du tourisme de masse, de google earth et Ushuaia TV. Aujourd’hui, chaque recoin du monde parait facilement accessible. Nous n’avons plus besoin des récits de voyage pour connaitre la planète. Mais cette littérature reste incontournable dans sa mise en scène de la subjectivité du voyageur, de ses aventures, de son imaginaire, de son évolution… Quand on lit un récit de voyage aujourd’hui, que ce soit un blog de voyage, un roman ou un carnet de voyage, ce qu’on recherche, c’est découvrir une expérience de voyage incarnée.
« De même que le disque est une surface plane contenant en puissance une symphonie, le paysage lui est un tableau contenant en puissance la compression imaginaire de siècles de bouleversements. La géographie est cette clé qui permet de dévider le fil du temps réel. »
Sylvain Tesson, L’Énergie Vagabonde
« Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu’il se suffit à lui-même. On croit qu’on va faire un voyage, mais bientôt c’est le voyage qui vous fait ou vous défait. »
Nicolas Bouvier, L’usage du monde
Après cette (trop) longue introduction, je pense que vous savez maintenant ce qu’est la littérature de voyage. Si ce n’est toujours pas le cas, je vous renvoie à la lecture de François Moureau, professeur de Littérature française à la Sorbonne.
Je vous propose maintenant de passer aux choses sérieuses : pourquoi lire des livres de voyages pimpera vos vies (les fans d’Xzibit comprendront 😉).
1 – Les récits de voyage sont un genre protéiforme : il y en a pour tous les goûts
Comme expliqué en introduction, le spectre de la littérature de voyage est extrêmement large, car le voyage lui-même est protéiforme. C’est-à-dire que bien souvent, il se juxtapose à d’autres genres littéraires. Mirage de Douglas Kennedy par exemple, est à la fois le récit d’un voyage fictionnel au Maroc et un thriller romanesque.
J’ai taché pour vous permettre d’y voir plus clair, de poser une classification reposant sur le degré de véracité du voyage raconté. Même là, la tâche n’est pas évidente, car comme l’affirme Jacques Chupeau « Par le pouvoir des « petits faits vrais » et de la familiarité naturelle de ‘expression, le journal de voyage apparait comme le plus efficace instrument d’illusion ». Autrement dit, on trouve des arrangements avec la réalité dans les journaux de voyage sérieux également.
Comme vous pouvez le constater avec cette infographie des récits viatiques, beaucoup de possibilités s’offrent à vous parmi les livres de voyage. Vous trouverez forcément le livre qui correspond à votre sensibilité avec :
- Un style épuré, coloré, élégant, poétique, comique…
- Un voyageur aventurier, contemplatif, historien, géographe, ethnologue, introspectif…
- Un voyage en mer, à la montagne, sur une île, en ville, en plein désert…
- De l’utopie, de l’effrayant, du merveilleux, du grotesque ou du factuel
- Etc…
2 – Les livres de voyage vous permettront de vous évader
L’avantage majeur des romans de voyage est qu’ils vous permettent de voyager immobile. Quand on lit et qu’on est pris par l’histoire, le pouvoir de l’imagination nous immerge entièrement dans l’univers du livre. Les mots ont ce pouvoir hypnotique sur nous ! Alors, prenez L’Ile au Trésor de Robert Louis Stevenson, installez-vous avec un thé fumant dans un endroit calme et confortable. Vous y êtes ? Plongez maintenant dans la lecture de ce roman pendant, disons 1h et revenez ici… N’avez vous pas ressenti le frisson de l’aventure ? CQFD !
Les livres sont plus accessibles qu’une ascension de l’Everest et pourtant eux aussi nous permettent d’expérimenter ce que les plus grands aventuriers vivent. Ils mettent le voyage à portée de tous et nous font partir dans les plus belles contrées du monde avec un impact moindre sur le climat de notre planète. Alors, remplissez votre bibliothèque de récits de voyage et permettez à votre esprit de se perdre dans les merveilles d’une nouvelle destination à travers les mots d’un auteur.
3 – Les écrivains voyageurs vont enchanter vos futures vacances
Les livres nous font voyager, mais parfois, je concède que c’est grisant de pouvoir expérimenter par nous même les grands espaces, une nouvelle culture ou un site du patrimoine mondial. Pourquoi s’en priver ? On peut pratiquer un tourisme responsable, sans nuire à notre Terre ou notre portefeuille. Si vous décidez de prendre la route, donc, les récits de voyage seront là pour pimenter vos découvertes.
Tout d’abord, parce qu’ils sont inspirants. Les livres, mais aussi les blogs de voyage nous dévoilent des lieux oubliés à côté desquels on aurait pu passer sans le projecteur émerveillé que leurs mots ont jeté sur eux. Cela permet de s’orienter vers des destinations plus confidentielles, plus proches et de profiter de séjours au cours desquels on a moins l’impression d’être un touriste noyé dans la masse.
Ensuite, ils vous permettent de mieux savourer les sites que vous traversez. Quand on arrive dans un endroit dont on ne connait rien, il est possible d’être d’emblée saisi par son paysage et ses habitants, mais il est encore plus probable de passer à côté. Surtout s’il n’est pas grandiose en soi. Parfois, on a juste besoin qu’un air de magie nous soit insufflé avant de parvenir à discerner par nous même ce qu’une destination touristique a à nous offrir. Il est certain que si vous allez au Grand Canyon, vous serez d’emblée époustouflé sans avoir eu besoin de la moindre préparation intellectuelle. Mais si vous allez dans des lieux au charme plus discret comme les chemins des Cévennes, je suis certaine que vous vous y amuserez plus après avoir lu le journal des aventures de Robert Louis Stevenson et Celestine. C’est ce que j’appelle le pouvoir enchanteur de la littérature de voyage.
4 – Découvrir de nouvelles contrées : parfaire votre culture ethnogéographique
Mis à part pour les récits de voyage les plus fantaisistes, lire ce type de littérature satisfait au plaisir d’apprendre et découvrir de nouveaux territoires. Car bien souvent, ces textes sont une mine d’or d’informations sur les us et coutumes, la géographie, la faune ou la flore de telle ou telle autre partie du monde. La littérature de voyage offre ce bonheur simple de se cultiver en se divertissant.
Bien sûr, les informations, notamment culturelles sont à prendre avec des pincettes, car elles sont relatées par un voyageur subjectif pétri de ses propres croyances et préjugés. Ce qui nous amène à notre dernier point (last but not least comme diraient les Anglo-saxons ) 😊 !
5 – Les récits de voyage vous permettent de vous enrichir de la diversité
La littérature de voyage fait plus que de nous procurer de l’évasion, nous cultiver ou enchanter nos vacances. Elle met en scène une dialectique de la confrontation à la diversité qui interroge notre rapport à l’Autre.
Effectivement, suivre les aventures de voyageurs revient à entrer dans l’intimité d’Hommes qui font face à l’altérité. Confronté à l’Autre, chaque écrivain voyageur nous livre une expérience singulière de la diversité : rejet, jugement, racisme, respect, admiration… Se faisant, la littérature du voyage nous offre le recul nécessaire pour nous situer et prendre conscience de notre propre rapport à l’Autre. Elle nous démontre en quoi sa différence nous révèle à nous-mêmes nos particularités tout en mettant en exergue notre humanité commune. Autrement dit, elle nous enseigne que notre identité se nourrit de nos différences, mais que notre humanité les surpasse.
Et vous, que pensez-vous de la littérature de voyage ? Ai-je réussi à vous donner envie de garnir votre bibliothèque de récits viatiques ? Dites-moi tout en commentaires🎤
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