Voici une contestation populaire qui passe bien inaperçue au milieu de l’actualité mouvementée de ce printemps 2011… Et pourtant, depuis le mois de février une crise sociale couve au Burkina Faso.
Comme en Tunisie, c’est la jeunesse burkinabée qui a lancé les hostilités contre le gouvernement suite à la disparition de l’étudiant Justin Zongo dans des conditions troubles. Très vite, la révolte a gagné les militaires, les commerçants, les boulangers, les magistrats, les agriculteurs et plus récemment les CRS poussant le président Blaise Compaoré (en poste depuis 24 ans) à réaliser d’importants remaniements au sein de son gouvernement et état major.
Ce malaise que connaît actuellement le Burkina Faso est dû à l’injustice sociale causée par des décennies de gestion du pays au profit de quelques uns comme l’explique Bassolma Bazié au cours d’un entretien à Marianne :
» Il y a un problème de gestion dans ce pays, qui a pour conséquence la misère. Les responsables de l’Etat ne sont pas nommés par compétence mais par complaisance. L’intérêt privé de quelques-uns passe avant l’intérêt général. On sait par exemple que beaucoup de ministres, de militaires haut placés possèdent des entreprises, ont la haute main sur les affaires du pays. L’affaire Justin Zongo a été le déclic pour le reste de la population. Les gens vivent difficilement, payent énormément de taxes, et se rendent compte que ceux qui sont des amis du président, qui font parti du clan sont mieux lotis. Ils ont des monopoles, les ministres conservent leur salaire pendant six mois quand ils sont virés du gouvernement… Le peuple n’a plus confiance dans le comportement du gouvernement. L’autre question fondamentale, c’est celle de l’impunité. Nous vivons dans un système d’injustices, de développement différentiel, de chaos. La situation est explosive et je crois que le gouvernement n’est pas capable de répondre aux préoccupations du peuple. ».
Les contestations qui secouent l’Afrique actuellement montrent bien que de telles situations ne sont plus supportables par les populations. Les mutineries successives qui ont cours dans le pays des hommes intègres en sont un exemple flagrant. Les systèmes gouvernementaux d’antan doivent évoluer de façon à être les instigateurs d’un bien être social des individus. Le constat établi, espérons donc que le Burkina Faso tout comme les autres pays se trouvant actuellement dans cette situation saura trouver des solutions satisfaisantes.