Nous sommes partis à l’aube vers Monument Valley. Ce lieu, je l’avais vu maintes et maintes fois en films. et fantasmé depuis la France. Il s’agissait pour moi du point culminant de mon road trip aux USA et je n’ai pas été déçue. Je vais vous raconter pas à pas ma visite de ce parc national américain époustouflant.
La route vers Monument Valley
Nous avons embarqué à bord de notre van depuis Page en Arizona pour nous rendre à Monument Valley qui se situe entre l’Utah et l’Arizona. L’avancée vers ce lieu de légende est en elle même un spectacle. Avant même d’arriver à destination, on en a plein la vue. La route serpente dans une étendue désertique s’étendant à l’infini. Pendant un bon moment, nous avons traversé des terres arides et si planes que seules les fourrées leur confèrent du relief. Puis, du vide, nous sommes passés au pittoresque des terres Navajo. À mesure que nous nous y enfoncions, nous croisions des artisans Navajos qui exposaient sur des étals leurs créations : bijoux, vêtements, ornements… Finalement, dans ce désert, ce sont les roches de grès rouges majestueuses qui se sont offertes à nous, comme sortant de nulle part. Nous étions arrivés aux portes du parc tribal de Monument Valley.
Bienvenue au pays des roches !
Monument Valley est en territoire Navajo. N’y rentre pas qui veut. Pour pénétrer dans ce parc, il faut s’acquitter d’une vingtaine de dollars et rester sur le circuit officiel. On est ici face à une splendeur de la nature. La simple contemplation des lieux est une fin en soi. Mais pour ma part, je vois le voyage comme une occasion de faire une immersion dans des cultures nouvelles pour élargir son regard. J’avais envie de découvrir le site au-delà de son aspect géologique et plonger dans la culture Navajo. Alors, nous nous sommes tournés vers un guide Navajo. En étant accompagnés, toute la Tsé Bii’ Ndzisgaii (vallée des rocs ) s’ouvrait à nous.
Le guide a commencé à nous présenter les trois fameuses mesas qui ont fait la renommée de cet endroit si particulier :West Mitten Butte et East Mitten Butte et Merrick Butte. Ce qui est amusant, c’est que chacune des buttes (qui peut atteindre jusqu’à 300 mètres) a été baptisée par les Indiens qui considèrent cet endroit comme sacré. Cela m’a beaucoup fait penser au monolithe Uluru (Ayers Rock) en Australie qui est également considéré comme étant un lieu de spiritualité par les aborigènes. Dans un cas comme dans l’autre, on est face à un schéma où un peuple autochtone a dû se battre pour faire respecter ses croyances par des colons.
Plongée dans la culture Navajo
Après la contemplation des roches, nous avons fait une immersion dans la culture locale. C’est très agréable en tant que touriste d’avoir cette chance de visiter un lieu accompagné d’un autochtone avide de partage. Ce fut le cas. Notre guide était animé par la possibilité de montrer les richesses de sa culture et l’histoire de son peuple.
Il nous a fait pénétrer dans un hogan, l’habitat traditionnel qui a l’allure d’une hutte de terre. À l’intérieur, nous avons fait la connaissance d’une doyenne qui vit dans le parc depuis toujours et n’a aucune intention de le quitter. J’ai ressenti un petit malaise face à cette mise en scène de son intimité. Cela m’a fait songer à mes anciennes lectures sur la disneylandisation du tourisme. Est-ce qu’en me tenant là, je contribuais moi aussi à la folklorisation des minorités ? J’ai finalement chassé ces idées de mon esprit pour profiter du moment et en apprendre plus sur ce mode de vie si différent du mien.
Les Navajos qui étaient un peuple guerrier vivent aujourd’hui de l’agriculture et du tourisme. Monument Valley est au coeur de leur nation, une réserve amérindienne semi-autonome. Avant de reconquérir leurs terres, ils ont dû lutter au XIXe siècle contre les déportations et l’assimilation forcée. Aujourd’hui, le tourisme contribue à préserver leur culture (ou à la folkloriser?) grâce aux ressources que l’industrie leur apporte.
Un dîner qui restera gravé en moi
Le soir venu, nous avons pénétré dans un hameau indien. J’ai été surprise de la vétusté des lieux. Où j’habite en France, nous avons régulièrement des villages sauvages de Rroms qui se créent à l’orée de la forêt. Ils se servent de taules et d’un ensemble hétéroclite d’objets de fabrication pour se créer un village de fortune à l’abri des bois. Les bois mis à part, les deux lieux ont beaucoup de similitudes. Et il y avait ici et là de nombreux chiens malingres comme j’avais pu en voir au Burkina Faso. La pauvreté de ces descendants de fiers guerriers m’a frappée.
Pourtant, c’est bien là, dans ce dénuement que j’ai passé la plus belle soirée de ma vie. Déjà, rien que le cadre naturel était juste idyllique. J’étais dans les paysages qui emplissaient mes rêves. Ensuite, nous avons eu la chance de déguster un repas typique. Et enfin, nous avons fini la soirée autour d’un feu de camp au cours duquel on a pu participer à une fête traditionnelle. Pour l’occasion, nos hôtes avaient revêtu les imposants costumes indiens que l’on a tous dans nos imaginaires. Eh bien, au milieu de l’Ouest, portés par des Navajos à quelques centimètres de vous, c’est encore plus impressionnant. Puis, nous avons poursuivi avec des chants, des percussions et des danses qui m’ont donné l’impression d’être totalement intégrée à la vie de la tribu. Mes réticences anti-disneylandisation avaient disparu, je me prenais au jeu. J’étais totalement immergée dans l’ambiance. Et ce n’est pas tout car le final… Quel final !
À ma grande surprise, je fus appelée à me placer au centre du cercle pour recevoir un tambour Navajo en présent pour mes 25 ans. J’étais aux anges !
1,2,3, on tourne !
Les roches de Monument Valley sont connues pour leur parution répétées dans les westerns. Sans John Ford et ses films mythiques sur les courses poursuites entre les cowboys et les Indiens dans wild wild west, nous ne connaîtrions probablement pas ce paysage enchanteur. Visiter ces reines de roches, c’est aussi plonger dans un décor de cinéma grandeur réelle.
Le point culminant de la visite est pour beaucoup la photo au point John Ford. Car c’est là que furent pris les plans où l’on voit John Wayne s’avancer dans l’immensité mythique de l’Ouest.
Un autre lieu qui nous a bien amusés est la route de Forest Gump. C’est l’endroit parfait pour faire des prises de vues en courant sur le bitume avec dans le fond les trois mesas mythiques de Monument Valley.
J’espère vous avoir donné l’eau à la bouche avec mon récit de voyage. Dites-moi ce que vous en avez pensé et partagez vos impressions si vous avez déjà visité Monument Valley.
Je ne me lasse pas de lire des articles sur les grands parcs de l’Ouest des Etats-Unis, notamment Monument Valley. Je trouve très intéressant d’avoir pu accompagner le visite du terrain avec l’ouverture sur une autre culture.
Oui effectivement l’aspect culturel enrichie la visite de cette beauté de la Nature
Magnifiques photos ! On voit souvent ces paysages dans les films (et qui n’a pas eu un fond d’écran Monument Valley un jour ?), mais je ne m’en lasse pas, ces couleurs sont superbes 🙂
C’est vraiment très beau, j’espère voir ces paysages de mes propres yeux un jour !! 🙂